Diagnostiquer et soigner le cancer 
de la prostate

Le cancer de la prostate est le plus répandu en France, chez l’homme, après 60 ans. Quelles sont les causes de cette tumeur maligne qui touche la glande de l'appareil génital masculin et qui peut rester endormie pendant de nombreuses années ? Comment la traiter et en guérir ? Des réponses existent.

Qu’est-ce que le cancer de la prostate ?

Après 60 ans, le cancer de la prostate est le cancer masculin le plus fréquent chez l’homme : un homme sur sept environ en développera un au cours de son existence1.  

C’est aussi l’un des cancers qui possède le meilleur pronostic : 5 ans après la maladie, l’espérance de vie est de 90 %.2  

Le cancer de la prostate se caractérise par l’apparition d’une tumeur maligne dans la glande qui forme la prostate. Cette dernière est située sous la vessie et autour de l’urètre (canal urinaire allant de la vessie à la verge). La croissance des cellules cancéreuses de la prostate est liée aux hormones sexuelles mâles appelées androgènes (dont fait partie la testostérone). 

Dans le cancer de la prostate, la tumeur est classée en trois stades indiquant son niveau de progression et sa propagation :  

  • cancer localisé : la tumeur se situe uniquement dans la prostate ; 
  • cancer localement avancé : la tumeur reste en périphérie de la prostate et touche les organes proches comme les ganglions lymphatiques de la région pelvienne ; 
  • cancer métastatique : les cellules de la tumeur ont atteint d’autres organes et certains os. 

Dans la plupart des cas, le cancer reste latent et évolue progressivement sur plusieurs années sans qu’un traitement soit nécessaire. 

L’appareil urinaire masculin et le cancer de la prostate

Quels sont les symptômes du cancer de la prostate ?

Le plus souvent, le cancer de la prostate se développe petit à petit, sans symptômes, sur 10 à 15 ans en moyenne.  

Quand ils apparaissent, les symptômes peuvent prendre la forme de :  

  • troubles urinaires (incontinence, fréquence des mictions ou faible jet d’urine) ; 
  • sang dans les urines ; 
  • troubles de l’érection ; 
  • perte de contrôle intestinal ; 
  • douleurs dans les hanches, le dos, la poitrine ou les jambes ; 
  • des douleurs dans les os pouvant présager d’un cancer au stade métastatique. 

Attention à ne pas faire d’interprétation hâtive car l’hypertrophie bénigne de la prostate (HBP) ou l’infection de la prostate présentent les mêmes symptômes que ceux du cancer de la prostate. Seul le médecin pourra poser un diagnostic avec des examens appropriés. 

Quels liens entre volume de la prostate et cancer ?

L’hypertrophie bénigne de la prostate (HBP) ou la prostatite (infection de la prostate) ont des symptômes communs avec ceux du cancer de la prostate. Mais ces deux pathologies sont bien distinctes et ne doivent pas être confondues.

A l’état normal, la prostate a environ la taille d’une châtaigne (+ ou - 30 grammes). Elle est constituée de 3 zones : périphérique, de transition, antérieure. 

La zone de transition augmente naturellement avec l’âge. On parle alors d’une hypertrophie bénigne de la prostate (HBP). 

La prostatite touche 50 % des hommes au cours de leur vie. Il s’agit d’une infection souvent bactérienne, guérie par des antibiotiques. 

Ni l’hypertrophie bénigne de la prostate ni la prostatite n’augmentent les risques de développement d’un cancer de la prostate. 

Comment diagnostiquer un cancer de la prostate ?

La plupart des diagnostics sont posés autour de l’âge de 70 ans et portent sur des cancers localisés.
En cas de suspicion, les premiers examens conseillés sont :

  • le toucher rectal, qui permet au médecin de vérifier le volume, la consistance et la texture de la surface de la prostate. Cet examen n’est pas douloureux, et permet d’identifier les tumeurs palpables avec le doigt ;
  • le taux de PSA, protéine produite par la prostate, qui doit être normalement en faible quantité dans le sang.

En fonction des résultats, de l’âge et des antécédents familiaux, le médecin décidera de poursuivre les investigations en proposant de réaliser une IRM de la prostate ou, en cas de très fortes suspicions, une biopsie du tissu prostatique. Le prélèvement sera soumis au score de Gleason, une technique d’analyse qui évalue l’agressivité du cancer de la prostate.

Le cancer de la prostate est-il une affection de longue durée (ALD) ?

Votre médecin peut demander une reconnaissance de votre cancer de la prostate au titre d’une affection de longue durée (ALD). Pourquoi cette démarche ? Elle permet, après accord, la prise en charge à 100 % des examens et des soins liés à la pathologie sur la base des tarifs de remboursements de l’Assurance maladie.
Les cancers de la prostate dont l’origine serait une surexposition au chlordécone (pesticides) sont reconnus comme maladie professionnelle par l’Assurance maladie (pour une personne en contact avec ce type de pesticides dans le cadre de son travail).

Quelles sont les causes du cancer de la prostate ?

Plusieurs facteurs de risque du cancer de la prostate ont été identifiés et avérés : 

  • L’âge avancé : le cancer de la prostate se développe en majorité chez les hommes de plus de 65 ans.
  • Les antécédents familiaux : entre 10 et 20 % des cancers de la prostate sont héréditaires. 
  • L’origine ethnique : les hommes d’origine africaine ou caribéenne (dont les Antilles) sont davantage touchés par le cancer de la prostate. 
  • La taille : les études ont montré qu’être grand de taille augmente le risque de cancer de la prostate. 
  • La génétique : les hommes porteurs d’une mutation des gènes BRCA1 ou BRCA2 ont plus de risque de développer un cancer de la prostate.
  • Certains produits chimiques environnementaux (comme le chlordécone utilisé dans certaines plantations de bananes dans les Antilles) sont fortement suspectés d’être à l’origine des cancers de la prostate.

D’autres causes sont en discussion (recherche en cours). Pour le moment, elles ne font pas l’objet d’un consensus scientifique : forte consommation de produits laitiers ou de charcuteries, tabagisme, hypertension artérielle (HTA), obésité...

Peut-on prévenir le cancer de la prostate ?

À ce jour, aucune étude n’a prouvé qu’une mesure plutôt qu’une autre était utile pour prévenir les cancers de la prostate.

En ce qui concerne le dépistage systématique du cancer de la prostate, la France, ainsi que de nombreux autres pays au monde, ont fait le choix de ne pas organiser de campagne nationale. Par ailleurs, les autorités médicales estiment que le dosage de PSA et le toucher rectal ne sont pas suffisamment fiables.

Cependant, une détection précoce est recommandée chez les hommes les plus exposés à la maladie (antécédents familiaux de cancer de la prostate, d’origine africaine ou afro-caribéenne…).

Comment traiter le cancer de la prostate ?

Près de la moitié des cancers de la prostate ne se déclareront pas et évolueront très lentement. 
Pour ces raisons, les autorités attirent l’attention sur les bénéfices/risques de dépister et de soigner le cancer de la prostate avant qu’il ne se déclare et sur les conséquences physiques et psychologiques des actes de dépistage et des traitements. Il est important d’évaluer, avec son médecin et en fonction de l’évolution du cancer, la pertinence des traitements agressifs lorsqu’on présente un cancer de la prostate à évolution lente. Un protocole de surveillance peut parfois suffire. En revanche, au stade métastatique, se faire traiter est impératif.
Plusieurs types de traitements peuvent être proposés pour le cancer de la prostate.

La surveillance simple ou active

La surveillance fait partie des traitements indiqués pour les cancers de la prostate localisés. La surveillance simple vise à traiter uniquement les symptômes. La surveillance active repose sur un suivi strict de visites qui permet de surveiller la tumeur et sa croissance.

La prostatectomie

La prostatectomie est l’ablation de la prostate et des vésicules séminales, traitement de référence du cancer de la prostate localisé ou localement avancé. La dysfonction érectile, l’incontinence à long terme et l’anéjaculation (impossibilité d’éjaculer) font partie des effets secondaires possibles.

La curiethérapie

La curiethérapie consiste à injecter des grains radioactifs dans la prostate. Leur rayonnement détruit les cellules cancéreuses. La curiethérapie est proposée dans les cancers de pronostic intermédiaire favorable. Elle a peu d’effets secondaires sur la fonction érectile, mais favorise le risque d’inflammation locale au niveau de la vessie ou du rectum.

La radiothérapie externe

Dans ce cas de figure, des rayonnements ionisants sont dirigés sur la zone de la prostate à traiter. Parmi les effets indésirables éventuels : fatigue, troubles urinaires, intestinaux ou de l’érection.

Le laser

Le laser ou photothérapie dynamique détruit les nécroses locales. Cette technique peut engendrer des troubles urinaires et de l’érection.

L’hormonothérapie

L’hormonothérapie empêche le développement de la tumeur en bloquant l’action des androgènes, hormones sexuelles masculines qui favorisent le développement de la tumeur. Les effets indésirables les plus constatés sont les bouffées de chaleur, les troubles de l’érection, la baisse de la libido ou encore la prise de poids.

La chimiothérapie

Les produits chimiques injectés dans le sang cherchent à détruire les cellules cancéreuses. Comme toute chimiothérapie, ce traitement peut déclencher des effets indésirables comme de la fatigue, des sensations d’engourdissement, de fourmillements ou encore des troubles intestinaux.

Le traitement par HIFU

En cours d’évaluation scientifique, le traitement par HIFU (high intensity focused ultrasound) semble être recommandé pour des cancers de la prostate localisés. Des ultrasons de haute intensité détruisent les cellules cancéreuses par la chaleur. Cette technique présenterait moins de risque d’impuissance et d’incontinence que la chirurgie.

Les autres traitements possibles

   • La cryothérapie peut être suggérée en cas de contre-indication aux autres solutions ou lors de récidive après une radiothérapie. 
   • L’immunothérapie aura pour vocation à stimuler votre système immunitaire pour mieux combattre les cellules cancéreuses.

Tous les traitements médicaux impliquent des effets indésirables éventuels. Ils varient en fonction de la technique choisie, de l’évolution de la maladie et de chaque personne. Ils peuvent être évités ou limités grâce à des traitements préventifs. Il est important d’en parler avec son médecin pour mieux vivre sa guérison.

Sexualité et cancer de la prostate : quelles conséquences ?

En fonction du traitement retenu pour soigner le cancer de la prostate, différents effets indésirables peuvent impacter la qualité de vie, l’humeur et la relation de couple. Les répercussions sur la sexualité sont multiples : troubles de l’érection, troubles de l’éjaculation, baisse de la libido… Ils peuvent surgir immédiatement ou quelque temps après avoir reçu les soins. Chaque patient est particulier et l’état psychologique joue aussi un rôle important. 

Les questions sur la sexualité dans le cas du cancer de la prostate sont très courantes et les équipes médicales ont l’habitude d’y répondre. Votre médecin évoquera d’abord la qualité de votre vie sexuelle avant la prise du traitement, puis évaluera les troubles ressentis. Il n’y a pas de fatalité, plusieurs solutions thérapeutiques existent pour réduire les troubles de l’éjaculation et de l’érection.
Cependant, retrouver une sexualité épanouie après un cancer de la prostate ne se réduit pas à l’érection et à l’éjaculation. La notion même de masculinité (perte du sentiment de virilité, de confiance, fragilisation de son image…) est aussi à prendre en compte. Les professionnels de santé, tout comme votre partenaire, seront à vos côtés pour réinventer une vie sexuelle satisfaisante.

Quelques questions à vous poser pour évaluer l’impact du traitement sur votre qualité de vie

  • Pouvez-vous avoir des érections ?
  • Si vous avez des difficultés d’érection, est-ce un problème pour vous ?
  • Avez-vous des éjaculations ?
  • Si vos éjaculations sont réduites ou absentes, est-ce un problème pour vous ?
  • Avez-vous des douleurs et/ou une gêne au cours de l’éjaculation ?
  • Si vous avez des douleurs et/ou une gêne au cours de l’éjaculation, est-ce un problème pour vous ?

(Source : Le questionnaire DAN-PSS – items portant sur la sexualité)

Quel suivi médical pour un cancer de la prostate ?

Il est indispensable d’être suivi régulièrement pour un cancer de la prostate, que ce soit en attendant un traitement ou après celui-ci.
Les professionnels de santé (médecin généraliste, urologue, cancérologue, kinésithérapeute…) traiteront les éventuels effets indésirables, détecteront les signes de récidive et vous conseilleront pour mieux vivre au quotidien pendant et après la maladie. 
Pour maintenir votre énergie et lutter contre les effets indésirables de certains traitements, il est vivement conseillé d’adopter une bonne hygiène de vie basée sur une alimentation à visée anti-inflammatoires et anti-oxydantes (poissons, huile de noix ...), et sur une activité physique régulière.
Un accompagnement psychologique en cas de mal-être causé par le cancer de la prostate peut s’avérer très utile. N’hésitez pas à en discuter avec votre médecin qui pourra vous prescrire des séances avec un psychologue conventionné, prises en charge par l’Assurance maladie.

Quelles chances de guérison après un cancer de la prostate ?

Le cancer de la prostate a de bonnes chances de guérison. Il se traite avec un bon pronostic : le taux de survie nette à 5 ans s’élève à plus de 90 %1 .

Découvrez l’interview du Docteur CAYRE (Code article vidéo : 251692) :

Code article : 271164

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Nos sources

  • 1. Association Française d’Urologie
  • 2. Institut National du cancer